Session été 2014
Session été 2014
24h, 82 jeunes, 14 intervenants et un rêve commun: une Bretagne belle, prospère, solidaire et ouverte sur le monde. Le Club Erispoë, association des Bretons des Grandes Ecoles et universités, organisait vendredi et samedi à l’institut de Locarn (22) sa deuxième université d’été. Un grand succès pour cette édition: du dynamisme, des idées et une volonté commune pour tous ces jeunes talents d’oeuvrer pour leur région.
Sortir du pessimisme ambiant
Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1 et parrain du Club Erispoë, ne cachait pas sa joie de voir réunis à Locarn, petit village du centre-Bretagne, autant de jeunes Bretons désireux de découvrir et de participer à l’économie, la politique et la culture bretonnes. « J’ai découvert tout un pan de mon identité » confie un jeune. « J’ai retrouvé une raison de me battre et de m’engager, un moyen de sortir de l’individualisme qui nous gagne et du pessimisme ambiant » répond un autre.
L’homme d’affaires a souhaité s’entourer voici deux ans de jeunes talents issus de la région chère à son coeur. Il voulait ainsi les initier aux problématiques économiques et politiques locales mais aussi à l’histoire régionale, des thèmes qui leur sont souvent étrangers. « Une manière aussi de leur montrer que les belles carrières ne se font pas qu’à Paris, confie Justine Hamon, étudiante-ingénieure et organisatrice. »
Soutenu par l’institut de Locarn, influent think tank d’entrepreneurs bretons à l’origine notamment de l’appellation Produit en Bretagne, le club prend peu à peu son rythme de croisière.
Des conférences et débats de haut niveau, des idées à revendre
Les jeunes ont ainsi pu débattre avec les Bonnets rouges n’hésitant pas d’ailleurs à les titiller sur de nombreux points ni à mettre en évidence certaines insuffisances du mouvement. Forts de leur gouaille habituelle, le duo Christian Troadec – Thierry Merret a su convaincre de la nécessité d’un sursaut démocratique en France venu de la base. Ils ont exprimé leur crainte devant un Etat français qui se confond de plus en plus avec la société.
Lors d’ateliers consacrés aux 11 propositions issues des cahiers de doléances des Bonnets Rouges, les Bretons de 18 à 28 ans ont proposé nombre de solutions pour la Bretagne et les régions françaises: création d’un livret B et de SICAV régionales réinvestissant l’épargne bretonne « au pays », idée d’un principe administratif et législatif « un règlement ou une loi adopté pour deux supprimés » et évidemment création de nombre d’entreprises en lien avec les ressources et les spécificités du territoire.
Les porte-paroles du collectif « Vivre, décider et travailler au pays », les Bonnets Rouges, n’ont pas caché leurs intentions de continuer le mouvement et d’en faire un vrai levier politique pour la région.
Qu’il s’agisse de Patrick Le Lay, d’Alain Glon (président de l’institut de Locarn), ou de Joseph Le Bihan (ancien professeur à HEC), les anciens n’ont pas manqué de remuer et d’inviter avec véhémence et enthousiasme les jeunes à être « des rebelles éclairés dans un Etat en faillite ». Le « Crée ta job » québécois et complice lancé par Louis Le Duff, le fondateur de la Brioche Dorée et des pizzerias Del Arte, a résonné longtemps sur la lande de Locarn.
La mer
« La mer est l’horizon économique de la Bretagne »: c’est ainsi qu’Alexandre Gallou, étudiant à HEC et organisateur a introduit les débats de l’après-midi. Algues, navires bio-sourcés, construction navale de pointe, énergie, les jeunes ont redécouvert le « méritoire » grâce à Jean Ollivro, géographe. Ils ont également découvert les excellents résultats de l’entreprise Piriou, ETI bretonne installée à Concarneau depuis 3 générations et qui part depuis maintenant 7 ans à la conquête du glon sous l’égide de Pascal Piriou, petit-fils du fondateur. Pendant plus d’une heure, celui-ci a explicité le slogan qui lui tient à coeur « Globaliser dans délocaliser » et fait la preuve que la mondialisation n’est pas forcément une fatalité pour l’industrie bretonne et hexagonale. Enfin, Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum a invité les jeunes à explorer de nouveaux territoires en partageant son expérience de champion mais également d’entrepreneur. Avec Cairos, Bilou révolutionne la construction navale et les sports de glisse en concevant des planches de surf, des bateaux et bientôt de nombreux autres objets à partir de la toile de lin. « La toile même qui fit la richesse du duché de Bretagne au XVIème siècle !, souligne Corentin Le Fur, autre membre de l’organisation ayant visiblement bien retenu la leçon d’histoire économique bretonne donnée par Yannick Le Bourdonnec la veille ».
Et puisqu’il fallait bien souffler avant la rentrée les jeunes n’ont pas manqué de s’amuser lors du show de Gwennyn et du fest-noz animé par le jeune duo Kerno-Buisson. La Finistérienne et ses cinq musiciens ont embrasé le chapiteau dressé pour l’occasion et apporté, à quelques jours de la rentrée, du baume au coeur de cette jeunesse bretonne toute tournée vers l’avenir… et vers l’action.
Les intervenants